Migrations

Quelques lignes, quelques mots suffisent pour en dire long.

                Le petit bateau se balance au creux des vagues sombres. Rougi par le soleil couchant, le ciel est empli de nuages. Il va bientôt faire nuit. Des centaines de corps sont entassés sur l’embarcation, tous serrés, agrippés les uns aux autres pour ne pas tomber. Et surtout, tous silencieux.
Un oiseau, deux oiseaux : tout un vol apparaît. Sur le petit bateau, une minuscule voix s’élève :
«Maman, ils vont où eux ?
-En Europe, pour l’été… Ils migrent…
– Et nous, on va où ? »
La question reste sans réponse, et la femme serre un peu plus son enfant contre elle. Dans la pénombre, elle regarde les oiseaux, ses yeux se brouillent de larmes.